Ça
fait deux fois en une semaine que je lis des trucs vraiment bien sur
la patience, le genre de trucs que j'voudrais avoir écrit tellement
ça dit ce qu'on a dedans, des choses de tous les jours avec des
bouts d'nous éparpillés au quatre coin du globe vu que les deux
textes en question sont de Montréal. Quand tu lis ça, ça t'fait
des beaux voyages dans la langue française avec des crisse et des
pantoute, si tu connais pas t'as qu'à aller les lire toi aussi, ça
se passe
là pis là.
Bref
je lis ça en attendant, en usant de patience moi aussi. Je
m'esquinte les yeux à lire les mots-étincelles de ces filles, en
attendant de sortir le soir et j'ai mis ma jupe qu'a des yeux, j'l'ai
trouvé tellement bien cette jupe dans le h&m, t'sais on dirait
l'oeil de Nadja, vraiment surréaliste, j'ai du Breton sur les fesses
et les cuisses avec ça. Et pis ça fait dire à certains hommes
galants T'as des beaux yeux sans me regarder droit dedans, juste ils
sourient un peu en coin, surtout quand ils voient mon air incrédule
vu que j'oublie toujours ce que je porte, alors la jupe-oeil j'y
pensais plus et ça aurait été tellement déplacé qu'il me parle
vraiment de mes yeux, vu que c'est un homme si classe et si courtois.
J'étais vraiment comme une nouille avec mes grandes jambes dans mes
collants polaires au top, juste l'air de pas piter ce qu'il me
disait, ça fait marrer les gens autour pis lui aussi au moins.
Bref
j'ai cette jupe-là j'la trouve tellement pratique, un peu comme un
jean mais version oeil et court et noir (pas du tout jean juste
rapport au confort en fait), genre d'habit que tu mets tous les soirs
si tu peux mais vient un moment où tu te dis j'devrais quand même
changer d'habit. T'as pas vraiment envie mais t'y penses et alors tu
prends un autre habit et ça devient ton chiffon fétiche à la
place, jusqu'à ce que tu te dises encore j'devrais quand même
changer d'habit, bref, truc de fille. Exactement comme la
conversation vraiment niaise mais parfaite que j'ai eu hier sur les
collants polaires au top-de-la-chaleur mais qui font des grosses
cuisses, tu sais ça, quand on s'regarde les jambes avec un œil
circonspect, on cherche à savoir si vraiment l'épaisseur de rab se
voit, on hésite à avoir chaud juste pour être fine des cuisses,
c'est vraiment pénible l'hiver pis d'être une fille.
Peu importe ce jour-là j'avais opté pour les polaires vu que j'étais malade depuis au moins un mois avec toux, nez qui coule et tout l'bazar, je f'sais peine à voir avec mes yeux cernés et les réveils à 3h du mat, et le plus-d'-sommeil à cause du dez bouché, c'est braiment le début de l'hiver et quand je respire avec ce dez-là qu'est tout plein, ça b'fait une respiration d'enfance de chaque début d'frimas depuis toujours, avec les mouchoirs sur la table à côté du lit pis les livres qui s'empilent tellement j'ai plus l'goût même pour ça -lire, pis les pshhhiit pour nasaux qui piquent l'intérieur du nez, pis les regards pitoyables aux gens autour de moi, typiquement mon amoureux mais il les voit pas ( pas trop) vu qu'il est malade itou: on s'embrasse goulument le microbe buccale.
Peu importe ce jour-là j'avais opté pour les polaires vu que j'étais malade depuis au moins un mois avec toux, nez qui coule et tout l'bazar, je f'sais peine à voir avec mes yeux cernés et les réveils à 3h du mat, et le plus-d'-sommeil à cause du dez bouché, c'est braiment le début de l'hiver et quand je respire avec ce dez-là qu'est tout plein, ça b'fait une respiration d'enfance de chaque début d'frimas depuis toujours, avec les mouchoirs sur la table à côté du lit pis les livres qui s'empilent tellement j'ai plus l'goût même pour ça -lire, pis les pshhhiit pour nasaux qui piquent l'intérieur du nez, pis les regards pitoyables aux gens autour de moi, typiquement mon amoureux mais il les voit pas ( pas trop) vu qu'il est malade itou: on s'embrasse goulument le microbe buccale.
Et
pendant ces duits blanches là je repense à toutes les fois où
j'étais malade dans mon lit depuis la naissance et je trouve qu'il y
en a un paquet, je me demande toujours un truc dégueu, ça vient
d'où tout ce qu'on mouche tous les hivers, on dirait le tonneau des
Danaïdes ça se finit jamais jamais jamais. J'attends que ça passe
avec grand renfort d'huile essentielle qui gratte l'intérieur de la
gorge pis tu trouves que ça pue, quoi disons ça sent fort, pis ma
mère trouve que c'est pas des vrais médicaments et elle doit avoir
raison vu que je suis malade depuis un mois.
Aussi
les antibio n'avaient pas suffit parce que quand même je suis allée
chez le médecin, il m'a donné de la cortisone en me regardant le
dedans de la gorge, il a fait Oula mais ça va pas du tout j'ai fait
« Hgneuchai » avec la bouche ouverte et langue qui sort,
pas pratique pour causer il a dit Fermez la bouche maintenant.
Bref,
tu sais là, quand tu te dis toujours Dans trois jours c'est fini pis
que trois jours après tu penses Bon ça va quand même un peu mieux
pis en fait ça dure ça dure ça dure. J'en suis là fin novembre
bientôt décembre, en plus j'ai les yeux qui brûlent constamment
pour plusieurs raisons:
petit
un je suis balade donc oui ça pique les yeux genre
moutarde-du-regard quand tu crois toujours que ça monte au nez mais
il se passe jamais rien ça reste bouché.
Petit
deux bah les nuits blanches comme j'ai dit avant.
Petit
trois les heures et les heures devant l'écran pour cause de reprise
d'étude (même le docteur a vu, il a dit « vous êtes
étudiante, vous voulez un mot ?, Salut j'ai 16 ans dans mon grand
corps!).
Alors
oui les yeux déglingués sur les polyco pis l'ordi toute la journée
pis même le début du soir quand j'attends pour sortir hop,
qu'est-ce que je fais, je lis des bouts de mots de filles qu'ont les
cuisses fines et qu'écrivent depuis l'autre bout de la terre pis je
raconte comment je suis malade voilà, pas trop d'intérêt peut-être
mais je voulais partager ça, parce que ça fait quand même un mois,
faut se soulager la pensée quand on lessive des mouchoirs depuis
tout ce temps.
Mais
donc ce soir un peu de glamour steuple, ce soir un peu de paillettes
et de jupe courte sur collants polaires, un peu de regards pas
rougisrougis d'mouchage: rougis d'fumée dans la faune nocturne qui
s'avance pour se serrer les corps sur la musique, pour se toucher le
creux des côtés là où ça fait l'angle, la taille fine dans la
paume de main, on s'regarde le dedans avec de la musique dans les
peaux, on croit que la nuit est unique, on roule des cigarettes
lentement pour savourer l'attente de quand on va les fumer dehors pis
aussi fait froid dehors. La nuit blanchit les herbes maintenant alors
on est pressés ET pas pressés de sortir, les deux à la fois.
Les
deux à la fois pour danser avec certains garçons aussi, les deux à
la fois pour manger un par un les chocolats qu'un de ceux qui sait
plaire aux filles à mis dans ma poche en secret, juste je l'ai vu
tendre la main vers mon manteau pis quand j'ai plongé ma propre main
dedans, plus tard, yavait des chocolats, tu vois si tu veux plaire à
une fille tu peux lui faire ça, ça fonctionne bien. Peut-être y
voulait pas plaire d'ailleurs, peut-être il voulait juste être
gentil, genre de garçon cool qu'est tellement adorable avec ses
copines que t'es obligée de l'aimer même si au fond tu trouves
qu'il est peut-être infernal. (Pour d'autres choses que le chocolat
j'veux dire.) Y'a des gens qui savent se faire pardonner par avance.
Bref, voilà, j'attends avec ma patience et mes chocolats et mes yeux qui brûlent de voir la nuit, mes yeux plein de la braise des jours passés à lire des milliers de pages et à me demander pourquoi Ronsard est un tellement un héritier de Pétrarque et pourquoi Proust avait une moustache et c'est quoi le vrai nom de Voltaire -steuple.
Bref, voilà, j'attends avec ma patience et mes chocolats et mes yeux qui brûlent de voir la nuit, mes yeux plein de la braise des jours passés à lire des milliers de pages et à me demander pourquoi Ronsard est un tellement un héritier de Pétrarque et pourquoi Proust avait une moustache et c'est quoi le vrai nom de Voltaire -steuple.
Voilà.